Décidément, et c'est une première chez Jaume Collet-Serra, on dirait que les réalisateurs hispaniques ont une dent contre les mômes... Plaisanterie mise à part, dans la plupart de leurs oeuvres fantastico-horrifiques, on s'aperçoit que les mouflets ne sont pas épargnés par la violence et la mort. Et ils sont parfois mêmes les principaux acteurs.
A croire que c'est une autre culture, ou tout simplement une vision plus crédible, loin de tout assujettissement Hollywoodien, qui enferme ces mioches dans une sorte bulle protectrice illusoire.
Après le creux, mais néanmoins sympathique La maison de cire, le cinéaste espagnol revient sous l'égide de Joel Silver avec la société Dark Castle (spécialisée dans les films d'horreurs). Son retour est très appréciable puisque, Esther s'impose comme la meilleure production de la boite, créée il y a seulement dix ans !
Ce qui est plutôt surprenant, c'est que l'on s'attend plus ou moins à une oeuvre calibrée et sans âme, surfant sur le sensationnel et le spectaculaire, alors que non. Même si, le dernier quart d'heure me fait mentir (à partir du twist en somme), puisque ça verse dans le slasher pur et dur. C'est avant tout une histoire intéressante et solide (bien que peu originale) avec des protagonistes bien écrits et par conséquent touchants.
Le long métrage fait le récit d'une famille détruite par la perte d'un nouveau-né. Et de ses parents qui décident malgré leur évidente fragilité psychologique, d'adopter au sein d'un orphelinat une petite fille de 9 ans, prénommée Esther. Malheureusement pour eux, ils n'ont pas choisi la bonne personne car malgré son apparence angélique, cette gamine cache en elle un être machiavélique et très manipulateur.
A ce propos, pour que le film fonctionne à merveille, tout dépendait du rôle et de la prestation de la jeune actrice. Et sur ce point là, Isabelle Fuhrmann s'en sort de manière remarquable. A un tel point que son personnage pourrait rester dans les mémoires. En tout cas, elle restera dans la mienne, c'est certain. Et ce n'est pas le retournement de situation final, assez fantasque il est vrai, qui me fera changer d'avis. Certains y voient une faiblesse, personnellement j'y vois quelque chose de bien plus effrayant.
Visuellement, le réalisateur fait bien son boulot, les cadres et la photographie sont impeccables et léchés. Puis, il y a de très belles idées de mise en scène. Je pense notamment à la séquence où la cadette de la famille, qui est sourde-muette, demande à sa maman (Vera Farmiga excellente dans le rôle) de lui raconter une histoire en langage des signes. La scène est jolie parce qu'à l'instant ou elle enlève son appareil auditif, on n'entend plus rien nous aussi. Ca peut paraitre bateau comme ça, mais j'ai trouvé ça beau. Ce parti pris donne une scène poétique, douce et musicale, teintée de lyrisme (en l'occurrence le conte rattrape la réalité).
Je considère cette oeuvre comme une vraie réussite. Et comme je le soulignais précédemment, c'est un drame sur le traumatisme que peut engendrer la perte d'un être cher, mais c'est aussi et surtout un excellent divertissement. Selon moi, l'équilibre entre les deux est idyllique. Les 2 heures passent à une vitesse folle !